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Les missions médicales

Quatrième trimestre 2002

Les docteurs Frédéric CHAGUE et Patrick MONTANGERAND interviennent sur trois sites : à Adjohoun et à Assrossa dans la vallée de l’Ouémé et à Illikimou, en pays yoruba, à la frontière du Nigéria, toujours au Bénin.

 

Le Zangbéto ou police de la nuit
(rite Vodùn).

Frédéric et Patrick devant le palais royal à Illikimou (Bénin).
Petite chirurgie en milieu précaire dans la vallée de l'Ouémé (Bénin).
Ecoliers béninois.

 

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DECEMBRE AU BENIN
Docteur Frédéric Chagué
Bulletin 7

Début décembre, nous avons retrouvé le Bénin en pleine effervescence. Dieu merci, il ne s’agissait pas de ces terribles débordements belliqueux que connaissent malheureusement certains pays d’Afrique mais de la campagne électorale en vue des toutes prochaines municipales. C’est dans cette ambiance bruyamment bigarrée que nous avons travaillé : d’abord à Adjohoun pour la mise au point d’un centre de soins chez notre amie Mariette puis dans « nos» deux villages, Illikimou et Asrossa. L’Afrique est terre de surprises :
Notre arrivée à Illikimou a d’autant plus ravi les villageois que nous n’étions pas annoncés . Probablement la trypanosomiase (maladie parasitaire véhiculée par la mouche tsé-tsé) a-t-elle endormi l’araignée responsable de cette partie du web … Même si notre travail a été gêné par l’absence de préparation in loco, nous avons pu à nouveau apprécier l’assiduité de Joseph, le Major (infirmier responsable) et de Raoul, le Gérant. Grâce à eux, le centre de santé a pu maintenir une certaine activité et a vu naître une mutualisation balbutiante dont le premier essor devrait être dynamisé par la prochaine visite des responsables de l’Association pour le Développement des Mutualités Agricoles au Bénin (cf. bulletin n° 5).
L’Afrique est terre de contraste : à Assrossa, nous avons trouvé une équipe autocritique, qui cherche en son sein propre les raisons d’un (léger) recul d’adhésion à la mutuelle, des responsables qui s’organisent pour faire face à la démission de la sage-femme et un major prénommé Innocent qui sacrifie son propre confort au profit du développement du Centre. L’Afrique est aussi terre de surnaturel : un soir nous avons attendu en vain le major qui était parti à Cotonou. A la nuit tombée, nous sommes allés déguster une Béninoise (bière locale) à la buvette chez André ; en rentrant, alors qu’il n’y avait aucun bruit dans le village (fait totalement inhabituel) et qu’il n’y avait personne d’autre sur la piste que nous (les deux yovohs = blancs), nous avons dans un bruissement de feuillages croisé le Zangbeto, la police du vaudou. Nous avons dormi et à notre réveil, tu n‘étais pas là, Innocent, et nous t’attendions pour opérer une enfant. Nous nous apprêtions (réflexion faite, nous t’avons maudit) à te maudire lorsque d’un coup de guidon magique, tu es apparu, aux commandes de ta zukéké (machine à feu = cyclomoteur), le cabas entre les jambes et la face derrière un masque à gaz digne d’un poilu de Verdun. Trois heures auparavant, tu dénichais enfin un engin à Cotonou et tu affrontais la pluie puis la poussière de la piste pour arriver, rutilant de latérite, en pleine hypoglycémie.